À propos

The Message of the March Wind
By William Morris (1834–1896)

FAIR now is the spring-tide, now earth lies beholding
With the eyes of a lover, the face of the sun;
Long lasteth the daylight, and hope is enfolding
The green-growing acres with increase begun.

Now sweet, sweet it is thro’ the land to be straying,
’Mid the birds and the blossoms and the beasts of the field;
Love mingles with love, and no evil is weighing
On thy heart or mine, where all sorrow is heal’d.

From township to township, o’er down and by tillage,
Far, far have we wander’d and long was the day;
But now cometh eve at the end of the village,
Where over the grey wall the church riseth grey.

There is wind in the twilight; in the white road before us
The straw from the ox-yard is blowing about;
The moon’s rim is rising, a star glitters o’er us,
And the vane on the spire-top is swinging in doubt.

Down there dips the highway, toward the bridge crossing over
The brook that runs on to the Thames and the sea.
Draw closer, my sweet, we are lover and lover;
This eve art thou given to gladness and me.

Shall we be glad always? Come closer and hearken:
Three fields further on, as they told me down there,
When the young moon has set, if the March sky should darken,
We might see from the hill-top the great city’s glare.

Hark, the wind in the elm-boughs! from London it bloweth,
And telleth of gold, and of hope and unrest;
Of power that helps not; of wisdom that knoweth,
But teacheth not aught of the worst and the best.

Of the rich men it telleth, and strange is the story
How they have and they hanker, and grip far and wide;
And they live and they die, and the earth and its glory
Has been but a burden they scarce might abide.

Hark! the March wind again of a people is telling;
Of the life that they live there, so haggard and grim,
That if we and our love amidst them had been dwelling,
My fondness had falter’d, thy beauty grown dim.

This land we have loved in our love and our leisure,
For them hangs in heaven, high out of their reach;
The wide hills o’er the sea-plain for them have no pleasure,
The grey homes of their fathers no story to teach.

The singers have sung and the builders have builded,
The painters have fashioned their tales of delight;
For what and for whom hath the world’s book been gilded,
When all is for these but the blackness of night?

How long, and for what is their patience abiding?
How long and how oft shall their story be told,
While the hope that none seeketh in darkness is hiding,
And in grief and in sorrow the world groweth old?

Come back to the inn, love, and the lights and the fire,
And the fiddler’s old tune and the shuffling of feet;
For there in a while shall be rest and desire,
And there shall the morrow’s uprising be sweet.

Yet, love, as we wend, the wind bloweth behind us,
And beareth the last tale it telleth to-night,
How here in the spring-tide the message shall find us;
For the hope that none seeketh is coming to light.

Like the seed of midwinter, unheeded, unperish’d,
Like the autumn-sown wheat ’neath the snow lying green,
Like the love that o’ertook us, unawares and uncherish’d,
Like the babe ’neath thy girdle that groweth unseen;

So the hope of the people now buddeth and groweth,
Rest fadeth before it, and blindness and fear;
It biddeth us learn all the wisdom it knoweth;
It hath found us and held us, and biddeth us hear:

For it beareth the message: ‘Rise up on the morrow,
And go on thy ways toward the doubt and the strife;
Join hope to our hope and blend sorrow with sorrow,
And seek for men’s love in the short days of life.’

But lo, the old inn, and the lights, and the fire,
And the fiddler’s old tune and the shuffling of feet;
Soon for us shall be quiet and rest and desire,
And to-morrow’s uprising to deeds shall be sweet.

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Le Message du Vent de Mars

Doux maintenant est le printemps. La terre gisante contemple
Avec les yeux d’une amante la face du soleil.
Longtemps dure la clarté du jour, et l’Espérance baise
Les champs verdoyants qui commencent à mûrir.

Maintenant, ô Douce, doux est-il d’errer par le pays
Parmi les oiseaux et les fleurs et les bêtes des champs ;
L’amour se mêle à l’amour, et aucun mal ne pèse
Sur ton cœur ni le mien, où toute douleur est guérie.

De bourgade en bourgade, par les pacages et les sillons,
Ô belle, nous avons erré loin, et longue fut cette journée.
Mais maintenant le soir monte au bout du village
Où, par dessus le mur gris, s’élève la grise église.

Il y a du vent dans le crépuscule ; sur la route blanche devant nous
La paille de l’étable aux bœufs volette çà et là ;
La lune monte, une étoile brille sur nous
Et la girouette du clocher tourne douteusement.

Là-bas la route s’abaisse vers le pont qui traverse
Le ruisseau coulant vers la Tamise et la mer.
Rapproche-toi, ma douce, nous sommes amante et amant ;
Ce soir-ci tu es vouée au bonheur et à moi.

Serons-nous heureux toujours ? Viens plus près et écoute.
Trois champs plus loin, m’a-t-on dit, là-bas,
Quand la jeune lune sera couchée, si le ciel de mars s’assombrit,
Nous pourrons voir de la colline la lueur de la grand’ville.

Écoute le vent dans les branches des ormes ! Il souffle de Londres
Et chante l’or et l’espoir et le tumulte,
La puissance qui n’aide à rien, la sagesse qui sait,
Mais n’enseigne rien du pire ni du meilleur.

Il chante les hommes riches, et bien étrange est leur histoire.
Ils possèdent et désirent et cherchent de près et de loin,
Ils vivent et meurent, et la terre et sa gloire
N’ont été qu’un fardeau qu’à peine ils supportaient.

Écoute ! Le vent de mars chante encore la foule,
La vie qu’elle mène là-bas, si hagarde et farouche
Que si nous et notre amour avions vécu parmi elle,
Ma tendresse aurait failli, ta beauté se serait ternie.

Ce pays que nous avons aimé dans notre loisir
Est au ciel pour elle, au-delà de son atteinte ;
Les grandes falaises qui dominent la mer n’ont nul attrait pour elle,
Les maisons grises de leurs pères n’ont nulle histoire à leur apprendre.

Les chanteurs ont chanté, et les bâtisseurs ont bâti,
Les peintres ont façonné leurs contes de délice ;
Pourquoi et pour qui le livre du monde a-t-il été doré,
Quand tout pour ceux-là n’est que ténèbres de la nuit ?

Jusqu’à quand et pourquoi leur patience attend-elle ?
Combien et combien de fois leur histoire sera-t-elle redite,
Pendant que l’espoir que personne ne cherche se cache dans l’ombre,
Et que dans le chagrin et la douleur la terre devient vieille ?

Reviens à l’auberge, mon amour, aux lumières et au feu,
Au vieil air du violoneux et au bruit des pas qui glissent ;
Car bientôt nous y trouverons le repos et le désir,
Et le lever du lendemain nous y sera doux.

Pourtant, mon amour, comme nous nous retournons, le vent souffle derrière nous
Et nous apporte la dernière parole qu’il nous dira cette nuit :
Comment, ici, dans le printemps, le message nous trouvera,
Car l’Espoir que personne ne cherche vient au jour.

Comme la graine au cœur de l’hiver qu’on ne voit pas et qui ne meurt pas,
Comme le blé semé en automne qui gît vert sous la neige,
Comme l’amour qui nous surprit sans que nous y fîmes attention,
Comme l’enfant qui grandit invisible sous ta ceinture,

Ainsi l’espoir du peuple germe et grandit ;
Le repos s’efface devant lui, comme l’aveuglement et la crainte ;
Il nous convie à apprendre toute la sagesse qu’il connaît ;
Il nous a trouvés et nous a retenus et nous convie à entendre.

Car l’espoir du peuple porte ce message : levez-vous demain
Et allez votre chemin vers le doute et la lutte ;
Unissez votre espoir à notre espoir, mêlez votre douleur à notre douleur,
Et cherchez l’amour des hommes dans les jours brefs de la vie.

Mais voici la vieille auberge, et les lumières, et le feu,
Et le vieil air du violoneux, et le bruit des pas qui glissent.
Bientôt nous y trouverons le repos et le désir,
Et le lever du lendemain pour les actes sera doux.